Parution du Cri de Paris

Sur l’acharnement français contre la Russie après 1918
Le 29 décembre 1918 le ministre français des affaires étrangères, Pichon, qui foudroie le régime « odieux, abominable » instauré en Russie par « une poignée d’énergumènes », exalte la grande victoire qu’auraient remportée les troupes « blanches » dans l’Oural et salue Koltchak et son « gouvernement d’Omsk », dictateur militaire avec Janin pour maître d’œuvre ; et Millerand, en mai 1920, « reconnaîtra » même, officiellement, le « gouvernement » de Wrangel, lui accordant un « large appui moral et matériel ». Le plan français est de couper en deux la Russie ; une flotte française est en mer Noire pour un débarquement à Odessa, tandis que les Anglais cherchent à s’emparer de la Transcaucasie et de ses puits de pétrole. Le général Berthelot encourage les Roumains à se jeter sur la Moldavie, et Foch déclare qu’il est prêt à envisager la reconstitution, sous son contrôle, d’une sérieuse armée allemande et que, si les Etats-Unis mettent cent mille hommes à sa disposition, il se fait fort de rejeter les Russes sur l’Oural, au-delà duquel les forces « blanches » de Sibérie les anéantiront. Mais si Wilson a consenti à une présence américaine, symbolique surtout, à Vladivostok, il ne l’a fait que pour surveiller les Japonais dont les avidités l’inquiètent, et il n’entend pas engager son pays dans une croisade antisoviétique.
Parution du Petit Journal
Journal du dimanche 29 décembre 1918
Boris Savinkof, qui fut un des plus rudes adversaires de Lenine, est arrivé à Paris.
Les bolchevistes avançant dans les provinces baltiques, les habitants s’enfuient en masses sur leur passage. Deux contre-torpilleurs bolchevistes ont été capturés par les Anglais dans le voisinage de Reval.
Les socialistes français qui avaient donné leur démission à la commission de l’armée ont décidé de reprendre leurs sièges.
M. Wilson a prononcé un toast au banquet de Buckingham Palace, en insistant sur son désir de fonder la Société des nations.
M. Kramarcz, président du Conseil de l’Etat tchéco-slovaque, a prononcé devant notre ministre à Prague, M. Clément Simon, un discours d’hommage à la France.
On annonce que le gouvernement d’Ebert aurait démissionné à Berlin. En tout cas, la situation est des plus critiques. Les Spartaciens disposeraient, contre le pouvoir, d’armements considérables.
source: http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/decembre18.html