Les morts veulent revenir
Tous les fonctionnaires bien placés comme moi sont fréquemment sollicités par nos amis, nos tantes, nos cousins… pour faire revenir le corps d’un ou de plusieurs disparus au front. Il s’agit de leur faire prendre leur place dans tel ou tel caveau familial et dans le cimetière de région parisienne, de Normandie, de Bretagne, où toute la famille repose déjà en paix.
La réponse est immanquablement négative. Les pays n’a absolument pas les moyens, ni le temps, de faire transporter des centaines de milliers de dépouilles des régions de l’Est vers l’ouest ou le sud du pays. Il faudrait affecter des régiments entiers à l’opération, ouvrir des centaines de milliers de tombes individuelles (où l’on n’est pas forcément sûr de trouver les – bons – « restes » du corps que la famille espère récupérer) et organiser une logistique d’acheminement effroyablement complexe. L’armée est totalement opposée de participer à l’opération et les mairies des régions de l’Est, en pleine opération de relogement, de ravitaillement de populations exténuées et de début de reconstruction, ont vraiment d’autres priorités.
Nous envisageons dès lors d’offrir à toutes les veuves et aux orphelins, un voyage en train par an, sur place, pour se recueillir sur la tombe du cher « Mort pour la France ». Cela va être très coûteux mais toujours moins que d’organiser un immense et improbable transfert massif des corps concernés.
Les morts – qui ont de toute façon fait leur dernier voyage – ne bougeront plus et ce sont les vivants qui leur rendront visite !
source: http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/2018/12/28/28-decembre-1918-les-morts-veulent-revenir/
Journal du samedi 28 décembre 1918
La Chambre a fixé à 2400 francs le taux maximum des pensions.
Le gouvernement a décidé que des avions de bombardement concourraient à ravitailler le Nord.
Le président Wilson est arrivé à Londres, où il a été acclamé. Il a dîné au palais de Buckingham.
M. Poincaré a visité Sedan, Mézières, Charleville, Rethel et Vouziers.
De nouveaux troubles ont eu lieu à Berlin. Le groupe Spartacus s’est emparé temporairement du Worwärts. Bernstein a quitté le groupe indépendant pour rentrer dans la social démocratie majoritaire.
On annonce la mort de Conrad de Hohenlohe, ancien président du Conseil d’Autriche.
Une crise ministérielle a éclaté à Budapest, par la démission du ministre de l’instruction publique, Martin Lovaszy.
Le pape a prononcé une allocution pour la paix.
L’anniversaire d’Oberdan a été célébré en grande pompe à Trieste.
Le président Wilson, invité à se rendre dans la Haute-Loire, a, en raison de ses occupations, décliné cette invitation.
M. Guillemin, ancien ministre de France à Athènes, est nommé ministre à Christiania.
source: http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/decembre18.html
Les joies du libéré
Ce jour-là, le Petit journal publie une caricature de Luc Cyl évoquant les joies du… libéré. Nos pertes et les leurs. Ebert débordé se retirerait avec le Gouvernement. Les Bolcheviks menacent les provinces baltiques. Metz ! … Les courses vont reprendre. Les crues entraveront-elles le ravitaillement de Pais ? Dans Avesnes libéré. Sans wagons, pas d’allumettes et pas de tabac ! Politique extérieure, élections, régions libérées, etc etc..
source: https://www.geneanet.org/blog/post/2018/12/28-decembre-1918-joies-libere