(Vidéo) La signature de l’armistice du 11 novembre 1918
C’est dans la clairière de Rethondes, dans la forêt de Compiègne, que vient d’être signée la paix. Les discussions entre les belligérants se déroulent dans un train qui sert de poste de commandement au Maréchal Foch. Le 11 novembre à l’aube, les plénipotentiaires allemands viennent de reconnaître leur défaite. Le wagon de Rethondes entre alors dans la légende. A 5 heures du matin, le texte d’armistice est enfin signé par les participants. Quarante ans après, le bras droit du Maréchal Foch témoigne, un document rare.
Une saignée pour la France
« Une larme coule sur la joue du capitaine von Oberndorff. Ce moment est certainement le moment le plus émouvant, le plus dramatique dans la simplicité de cette scène, qui a toute sa grandeur justement dans son extrême simplicité », raconte en 1958 le général Maxime Weygand, chef d’état-major du Maréchal Foch. Il est 11 heures quand retentit le cessez-le-feu, sur une note sonnée par tous les clairons d’un front immense, de la mer du Nord à la frontière suisse. En France, la population célèbre l’armistice. Jamais encore le pays n’avait connu pareille saignée : 1 400 000 soldats tués, 2 500 000 blessés pour une guerre qui aurait dû être « la Der des Ders ».
la suite sur https://www.francetvinfo.fr/societe/guerre-de-14-18/video-la-signature-de-larmistice-du-11-novembre-1918_741553.html
voir aussi wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Armistice_de_1918
https://fr.wikipedia.org/wiki/Armistice_de_1918
Une caméra le 11 novembre à Strasbourg
Le 11 Novembre 1918 un cameraman était présent à Strasbourg. Ces images sont rares et constituent le témoignage d’une époque difficile pour l’Alsace.Interview du commandant MEYER autour du 11 novembre par Roland RECHT
source: INA: http://www.ina.fr/video/SXF02029218
Un film de 55 minutes sur la fin de la guerre 14-18
https://www.youtube.com/watch?v=EHfDDrWPswo
(Vidéo) Augustin Trébuchon, le dernier français mortà Vrigne-Meuse
lire aussi: https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_Tr%C3%A9buchon
La journée du 11 novembre 1918
Le message du maréchal Foch annonçant la fin de la guerre fut transmis par télégraphe aux commandants en chef des différentes armées alliées le 11 novembre à 5 heures 15 : « Les hostilités sont arrêtées sur tout le front, à partir du 11 novembre, 11 heures (heure française). Les troupes alliées ne dépasseront pas, jusqu’à nouvel ordre, la ligne atteinte à cette date et à cette heure. » Cet ordre fut retransmis par le général Boichut aux régiments de la division à 7 heures 15, accompagné de consignes particulières de prudence auxquelles le colonel Petitdemange jugea utile de rajouter quelques recommandations supplémentaires pour que « les hommes mettent leur mouchoir au bout de leur fusil (…) et crient en chœur et de toutes leurs forces “Vive la France !” et chantent La Marseillaise (…). On ne fraternisera pas avec l’ennemi ».
Le commandant de Menditte relata ainsi les événements du 11 novembre 1918 dans son carnet de notes journalières :
« Le [canon de] 75 rageur a tiré régulièrement, montrant aux Boches que nous faisons bonne garde autour du régiment et, au jour, le feu recommence mais il est peu intense. Du reste, la situation est rectifiée à mon avantage. J’ai réorganisé mon front. Mes compagnies sont en liaison les unes avec les autres, mes hommes ont mangé chaud et je les ai ravitaillés en cartouches. Hier, cette opération avait dû être faite de jour mais pour les mitrailleuses seulement et dans des conditions effroyables car le terrain était battu par les mitrailleuses ennemies. Cette fois, mes hommes ont tout ce qu’il faut pour tenir et ils tiendront. Vers 6 heures 30 circule le bruit de l’armistice. À 8 heures 30, l’avis est officiel. Pendant ce temps, on continue à tirer sur le front du régiment et les obus allemands tombent sur Dom-le-Mesnil. Je fais passer la bonne nouvelle au régiment et on attend ! 10 heures 45 : les obus tombent encore sur le village. 10 heures 57 : la mitrailleuse tire encore. 11 heures : un de mes clairons sonne “ Cessez le feu ”, “Levez-vous ” puis “Au Drapeau ”. Les autres clairons répètent. La Marseillaise monte dans le lointain. Des cris de joie et les cris plus éloignés des Boches qui sortent de leurs trous et veulent fraterniser. Quelle joie et quelle émotion ! Ici tout est en remue-ménage. On sort de l’église tous les lits boches qui s’y trouvent. Le père Guiton dit la messe et monte en chaire, mais à ce moment arrive le général Boichut qui ne reste que 10 minutes mais qui est suivi de trompettes d’artillerie et de cavalerie sonnant de joyeuses fanfares. La cérémonie continue, on chante le Te Deum et, ma foi, après cela on déjeune, avec quel appétit ! Aussitôt après déjeuner, le colonel Petitdemange arrive, il veut voir le régiment sur place et je l’accompagne sur la position. Il félicite les hommes, les officiers et passe sur une grande partie du front car mon régiment n’a pas bougé et garde la place. Il fait un temps merveilleux. À mon retour, je trouve dans la rue le colonel Gizard qui rentre de permission. Il a perdu une bien belle matinée mais a gagné le calme d’une journée de dimanche qui fut bien angoissante pour moi (…). J’ai perdu 45 tués, 87 blessés et 12 disparus au cours de la journée d’hier. La proportion de tués est énorme pour de la guerre en rase campagne et prouve l’acharnement mis dans la lutte mais j’avais devant moi la Garde Prussienne : 4 régiments dont le 23, le 357 et le 69 (…)
Les combats ont effectivement continué jusqu’au dernier moment. Le soldat de 1re classe Augustin Trébuchon 5, estafette de la 9e compagnie, titulaire de la Croix de guerre, tué à 10 heures 50 d’une balle dans la tête alors qu’il était porteur d’un dernier message pour son capitaine, a été le dernier mort de la Première Guerre mondiale dans le secteur. Mais, officiellement, il sera déclaré mort à Vrigne-Meuse le 10 novembre 1918 à 10 heures du matin. Dans la poche de résistance tenue par le 415e RI au nord de la Meuse, ce fut le soldat Delalucque qui eut l’honneur de sonner le « cessez-le-feu » à 11 heures précises. Appelé par le capitaine Lebreton pour effectuer les sonneries réglementaires, le brave poilu, sans doute ému par la solennité de cette mission, ne se souvenait même plus de cette sonnerie : « La dernière fois que je l’ai joué, c’était en 1911, au champ de tir (…). » Mais son nom ne restera pas dans l’histoire. Il entonna d’abord le refrain du régiment puis les différentes sonneries demandées : « Cessez-le-feu », « Levez-vous », « Garde à vous » et enfin « Au Drapeau ». Les Allemands aussi sortirent alors des tranchées et, pour la première fois depuis quatre ans, les « Feldgrau » et les « Bleu horizon » se firent face sans chercher à s’exterminer. Ils auraient même chanté ensemble La Marseillaise ! À la 2e compagnie, « (…) cette Marseillaise fut plutôt hésitante car les hommes étaient sous le coup de l’émotion. La nouvelle de l’armistice ne fut pas accueillie avec une explosion de joie mais plutôt avec le soulagement de ne plus vivre avec l’obsession d’être des morts en sursis. Après les durs et violents combats de la veille, il était bien difficile d’imaginer que la guerre pouvait finir comme par miracle. On avait l’impression que c’était un rêve et cependant c’était bien la réalité (…) ». Un profond silence s’établit sur l’immensité du champ de bataille de la veille. Un silence impressionnant.. Du côté des Allemands, l’Armistice était aussi une délivrance mais leur sentiment de joie avait aussi le goût de la défaite. Certains cherchèrent à fraterniser avec les Français. Généralement sans succès. Ils furent priés de rejoindre leurs lignes. Ne plus échanger de coups de fusil et laisser chacun récupérer ses morts sur le terrain, c’était suffisant dans l’immédiat. Les poilus échangèrent leurs impressions après avoir compté les minutes au cours de la matinée. L’Armistice 6, c’était d’abord la vie sauve. Il fallait bien qu’il y eût un dernier tué, mais – surtout – ne pas être celui-là : « Je vis, c’est merveilleux ! », « Nous avons eu une sacrée veine », « Tu te rends compte, on n’est pas mort ! », « Croyez-vous que l’opération de forcer le passage de la Meuse s’imposait alors que les pourparlers d’armistice se déroulaient à l’état-major du maréchal Foch ? », « (…) revoir Paname et troquer le casque pour le melon », « C’est la fin de notre jeunesse », etc. Il faudrait aussi réapprendre à vivre normalement et guérir de la guerre. La guerre était finie, c’était la paix.
Le dernier communiqué officiel de la guerre, diffusé le 11 novembre à 15 heures, signalait sobrement que : « À l’est de la forêt de Trellon, nous avons atteint la frontière belge. À la suite de durs combats, nous avons forcé les passages de la Meuse entre Vrigne et Lumes. » Officiellement, comme le montre « l’état des officiers et hommes de troupe du 415e régiment d’infanterie tués à l’ennemi aux divers combats de 1914 à 1918 » annexé à l’historique du régiment, il n’y eut aucune perte humaine à déplorer le 11 novembre 1918 dans le secteur de Nouvion, Dom-le-Mesnil et Vrigne-Meuse. Les pertes subies par les formations engagées par la 163e division dans l’opération de franchissement de la Meuse et de conquête d’une tête de pont, au cours des journées du 9, 10 et 11 novembre 1918, furent de 96 tués et 198 blessés dont 68 tués et 97 blessés pour le 415e RI. Ces pertes étaient les dernières de la Grande Guerre. Dans l’après-midi du 11 novembre, la population de Dom-le-Mesnil participa activement à la recherche des morts laissés sur le terrain au nord de la Meuse avec les soldats du 415e RI. Ils furent transportés d’abord à Dom-le-Mesnil puis dans l’église de Vrigne-Meuse. Le soir, 33 corps, dont la majorité d’entre eux appartenait au 3e bataillon, étaient alignés dans l’église de Vrigne-Meuse.
Les pertes allemandes ne sont pas connues avec précision mais elles ont certainement été sévères. Dans l’historique du régiment des fusiliers de la garde, le récit de la journée du 11 novembre se termine en effet ainsi : « Après midi, nouvelle de la révolution au pays, de l’abdication de SM l’Empereur, et de l’armistice. Heureux ceux qui étaient tombés plein de foi dans la grandeur de la Patrie et qui ne vécurent pas là le plus noir de tous les jours ! Le soir de cette dernière bataille d’une guerre commencée quatre ans et demi plus tôt, avec tant de joie et d’espoir, vit le brave régiment des fusiliers de la garde réduit à 13 officiers, 25 sous-officiers et 100 hommes ! » Cette unité d’élite formait un bataillon à deuxcompagnies la veille. Il avait donc perdu environ la moitié de ses effectifs dans cette dernière opération.
En principe, le 415e régiment d’infanterie devait rester dans la région de Dom-le-Mesnil pendant quatre jours. Au cours de la journée du 12 novembre, les hommes du régiment continuèrent à fouiller le secteur pour rechercher les corps des soldats disparus au cours de l’ultime combat de la guerre. La cérémonie d’inhumation des hommes du 415e RI tués au cours des derniers combats, avait été fixée au 13 novembre dans la matinée. Pour des raisons difficilement compréhensibles, le régiment n’eut même pas la possibilité d’assister à cette cérémonie. Il avait reçu l’ordre dans la nuit du 12 au 13 de quitter Dom-le-Mesnil dès le lendemain à 7 heures du matin. Vingt sapeurs furent désignés par le commandement pour creuser les tombes dans le cimetière de Vrigne-Meuse et rendre les derniers honneurs. Deux nouveaux corps – ceux des soldats Trébuchon et Coste, les derniers « morts pour l’Armistice » – furent retrouvés le 13 novembre en fin de matinée et transportés par les villageois jusqu’à l’église de Vrigne-Meuse. L’héroïsme du 415e régiment d’infanterie au cours des derniers mois de guerre fut récompensé par une citation à l’ordre de l’armée accordée par le maréchal Pétain, commandant en chef des armées de l’Est :
« (…). Réengagé le 2 novembre, au-delà de l’Aisne débordé, sous les ordres du chef de bataillon de Menditte, et animé par lui de l’impérieuse volonté de vaincre, a franchi le canal des Ardennes, délivré neuf villages, capturé des canons, battu l’ennemi. Enfin, par un dernier et héroïque effort, jetant le 10 novembre ses bataillons sur la rive droite de la Meuse, sur une passerelle de fortune, battue par des mitrailleuses, a enlevé à deux divisions de la garde munies d’une puissante artillerie, les positions où elles se croyaient à l’abri de toute surprise. A brisé leurs contre-attaques et imposé à l’ennemi même, étonné de ses propres pertes, le respect de tels soldats. »
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https://journals.openedition.org/rha/291#tocfrom2n4
Pourquoi Vrigne-Meuse
Fallait-il réaliser cette opération ? En fait, l’effondrement de l’armée allemande était perceptible depuis le mois de juillet 1918 et irrémédiable dès le début du mois d’octobre 1918. Mais à cette époque en France, le pouvoir politique était divisé. L’Armistice demandé par les Allemands était-il une simple trêve pour gagner du temps et réorganiser le front avant de reprendre l’offensive ? Ne devait-on pas profiter des circonstances favorables aux armées alliées pour traverser le Rhin et exploiter cet avantage en direction de Berlin ? Telles étaient les questions fondamentales qui se posaient.
Aux niveaux politique et stratégique, les désaccords étaient évidents. Dès le 4 octobre 1918, le prince Max de Bade avait télégraphié à Thomas W. Wilson, président des États-Unis, pour lui demander de convoquer les belligérants « pour des négociations de paix sur la base des quatorze points, en même temps que pour la conclusion immédiate d’un armistice ». Raymond Poincaré, président de la République, voyant dans ce projet un piège, avait alors informé Georges Clemenceau, président du Conseil « que tout le monde espère fermement qu’on ne coupera pas les jarrets de nos troupes par un armistice si court qu’il soit ». Mais pour le maréchal Foch, « nous n’avions pas le droit de jouer la vie d’un seul homme » sur une question militairement résolue. In fine, la question essentielle est de savoir à quel moment « la question était militairement résolue » et donc quels étaient, en fait, les buts de guerre pour les alliés : repousser les Allemands au-delà du Rhin ? S’emparer de gages territoriaux en Allemagne ? Poursuivre jusqu’à Berlin ? Les avis étaient partagés. En toute hypothèse, atteindre Charleville-Mézières ainsi que Sedan et repousser les Allemands au-delà de la Meuse, était bien un objectif fixé par le commandement allié. Mais la traversée de la Meuse n’était pas une fin en soi et Vrigne-Meuse n’était certainement pas un objectif stratégique dont la conquête marquerait et symboliserait la victoire des alliés. Donc, soit la traversée de la Meuse était inutile, soit plus vraisemblablement, ce n’était qu’une étape intermédiaire.
Il est cependant permis de se poser quelques questions sur cette ultime opération menée par la 163e division et plus particulièrement par le 415e RI sur trois kilomètres entre Charleville-Mézières et Sedan, alors que les alliés alignaient à cette époque 210 divisions, déployées sur 550 kilomètres de front. Que s’est-il passé dans le secteur des autres divisions entre le 8 et le 11 novembre 1918 ? Apparemment pas grand chose à en juger par exemple par ce qui s’est passé du côté du 11e corps d’armée à Mézières ou dans le secteur de Sedan. L’artillerie avait encore beaucoup donné mais le commandement n’avait pas jugé indispensable de franchir la Meuse aux dernières heures de la guerre. Au nord de Charleville, les divisions de la Ve armée n’avaient d’ailleurs toujours pas atteint la Meuse. Ce qui laisse supposer que les divisions autres que la 163e DI, avaient un temps d’arrêt à partir du moment où les pourparlers d’armistice avaient commencé à Rethondes. Il avait été urgent d’attendre. D’ailleurs, le fait que Pierre Sellier et son clairon soient « entrés dans l’histoire » pour avoir sonné le « cessez-le-feu » de la Première Guerre mondiale le 7 novembre au soir, et non pas le 1re classe Delaluque, le 11 novembre, justifie aussi ce constat.
Il est évident cependant que le maréchal Foch avait envisagé la suite des opérations dans l’hypothèse où les plénipotentiaires allemands temporiseraient pour signer l’Armistice dans les délais impartis. Une vaste offensive dirigée par le général Castelnau devait alors être lancée le 13 ou le 14 novembre 1918 dans l’Est de la France pour s’emparer de Metz, occuper la Lorraine et poursuivre la marche vers le Rhin. L’attaque principale devait être assurée par vingt divisions françaises et six divisions américaines soutenues par plusieurs autres opérations jusque dans les Flandres pour bousculer l’ennemi sur tout le front. Le sacrifice demandé à la 163e division et au 415e régiment d’infanterie sur la Meuse le 10 novembre, a-t-il permis d’éviter cette offensive ?
La 163e division a-t-elle fait preuve d’indiscipline en lançant l’opération de franchissement de la Meuse ? Le manque de cohérence des ordres donnés par la chaîne de commandement montre qu’il y eut une prise de risque inconsidérée de la part du 14e corps d’armée. Entre l’ordre donné le 9 novembre au soir par le général Gouraud de« (…) surveiller l’activité de l’ennemi, afin de profiter de toute occasion favorable pour franchir la rivière et s’établir solidement sur la rive droite, en se bornant à poursuivre l’ennemi, le cas échéant, par des éléments légers (…)»et celui, également du 9 novembre au soir, du général Marjoulet, commandant le 14e corps d’armée : « La 163e DI franchira la Meuse et occupera Vrigne-Meuse, le Signal de l’Épine (…). Opération à exécuter d’urgence et sans se laisser arrêter par la nuit (…)» etqui se traduira au niveau de la 163e division par l’ordre de « franchir la Meuse cette nuit, coûte que coûte (…)», il est permis de s’interroger sur la discipline intellectuelle du commandement français à la fin de la guerre.
L’opération de Vrigne-Meuse a-t-elle été un succès ou un échec ? L’affaire a été mal préparée et mal engagée. L’impasse sur la recherche de renseignements en est la raison essentielle. Les autres régiments, engagés sur Flize et Nouvion, n’ont d’ailleurs pas fait preuve de la même agressivité que le 415e RI qui s’est retrouvé dans une position d’autant plus difficile. Le bilan a été lourd notamment pour ce régiment mais il aurait pu être catastrophique. Le régiment tout entier aurait pu être détruit si l’Armistice n’était pas intervenu à 11 heures du matin puisque les moyens de franchissement mis en place dans la nuit du 10 au 11 novembre ont rapidement été rendus inutilisables. Il convient par ailleurs de rendre hommage au courage du chef de bataillon commandant le 415e RI au cours de la journée du 10 novembre : en traversant la Meuse dans l’après-midi pour aller inspecter ses bataillons et surtout relever les positions des premières lignes, il a permis à l’artillerie divisionnaire de fournir des appuis efficaces qui ont évité au 415e RI d’être rejeté dans la Meuse. Sans cet acte de courage, le 415e RI aurait probablement été décimé dans la nuit du 10 et la matinée du 11 novembre 1918.
L’opération de franchissement de la Meuse était-elle justifiée ? L’imminence de l’Armistice ne pouvait justifier une telle improvisation et une telle précipitation dans le franchissement d’une rivière comme la Meuse. Le fait que la division n’ait eu officiellement aucune perte à déplorer le 11 novembre, est d’ailleurs un signe qui ne trompe pas. Pour le commandement, cette opération aurait été difficile à justifier, ce qui explique sans doute qu’elle soit restée longtemps confidentielle.
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Le dernier mort à la dernière minute
Henry Gunther est mort dans la Meuse le 11 novembre 1918 à 10h59, à une minute de l’Armistice. Dernier soldat américain tué sur le sol français, il a aujourd’hui sa propre stèle.
(…)
Ce 11 novembre, il y a cent ans, tout le monde sait que la guerre va s’arrêter. Mais aujourd’hui encore, personne ne sait exactement pourquoi Henry Gunther, un Américain, va surgir de ses lignes et du brouillard, avec un de ses camarades, et monter vers les tranchées allemandes.
Pierre Lenhard raconte : « Les Allemands regardent l’heure : il est quasiment 11 heures. Ils de disent : ‘Mais qu’est-ce qu’ils veulent encore ces deux-là, dans quelques minutes c’est fini ?’ Ils leur font signe de partir. Les Allemands ne vont pas les tuer, mais leur tirer par-dessus la tête en signe d’avertissement« . Malgré les injonctions, Henry Gunther, toujours armé, continue d’avancer en direction de la ligne de mitraillettes. Il est finalement abattu de cinq balles, dont une dans la tempe.
Journal du lundi 11 novembre 1918
L’armistice a été signée.
Dans la dernière journée, nos troupes, maîtresses de Mézières, avaient passé la Sormonne, enlevé le village de ce nom et atteint la route d’Hirson, à Mézières, au sud de Remwez.
Sur notre droite, nous continuons à franchir la Meuse entre Lunes et Donchery.
Dans sa retraite précipitée, l’ennemi avait abandonné partout un matériel considérable. Nous avons capturé, notamment entre Anor et Momignies, des canons, de nombreux véhicules de toute sorte et des trains entiers de chemins de fer.
Les Anglais, après avoir dépassé Maubeuge, s’approchaient de Mons, malgré la résistance des arrière-gardes ennemies. Leurs détachements avancés poussaient en avant, au sud-est de Mons et arrivaient à la ligne du canal à l’ouest et au nord-ouest de cette ville. Au nord du canal Mons-Condé, ils avaient pris Leuze et touchaient à Ath. Ils avaient progressé de 7 kilomètres à l’est de Renaix.
Les Américains avaient réalisé des gains considérables sur de nombreux points, le long de la ligne, entre Meuse et Moselle. Des troupes de la première armée avaient atteint, en coopération avec les unités françaises, les lisières sud de Stenay et occupé le bois de Chenon, au sud de Baalon. Au delà des pentes orientales des hauteurs de la Meuse, les villages de Gibercy, Abancourt et Grimaucourt avaient été occupés.
En Woêvre, la 2e armée avait pénétré dans les lignes de l’ennemi, qu’elle avait chassé de plusieurs fortes positions. Les villages de Marcheville et de Saint-Hilaire avaient été pris.
Les Belges avaient atteint le front Nederz-Walin-Hermelghem-Boucle-Saint-Denis-Zegemzen.
Les unités américaines à leur gauche avaient franchi l’Escaut à l’est de Heuvel. 15 kilomètres d’avance avaient été réalisés au sud et 7 au centre.
source: http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/novembre18.html