PHOTO ARCHIVE une attaque allemande en juillet 1918
Le fort subi une attaque de chars d’assaut dont 7 sur 15 restent dans nos lignes.
Journal du samedi 1 juin 1918
L’ennemi a prolongé son effort sur sa droite, jusqu’à l’Oise, par de violentes attaques dans la région de l’Ailette. Nos troupes se sont repliées en combattant sur des positions au nord de la ligne Blérancourt-Epagny. Dans la région de Soissons et plus au sud, les attaques ennemies se sont brisées contre la résistance héroïque de nos troupes, qui ont maintenu leurs positions aux débouchés ouest de la ville et le long de la route de Château-Thierry.
Au centre, l’ennemi a réussi à effectuer une légère avance dans la région au nord de la Marne.
Plus à l’est, ainsi qu’au nord-ouest et au nord de Reims, tous les efforts des Allemands ont été vains. Une contre-attaque, énergiquement menée par nos troupes, nous a permis de reprendre Thillois.
Un détachement des troupes anglaises a enlevé un poste allemand au sud-est d’Arras, et fait quelques prisonniers. Des rencontres de patrouilles au nord-est d’Ypres nous ont valu également quelques prisonniers et une mitrailleuse. L’ennemi a attaqué un des postes allié au nord-est de Robecq.
L’artillerie ennemie a été active dans les secteurs de Villers-Bretonneux et d’Albert, et entre Festubert et la rivière Clarence.
L’aviation italienne a pris une part active aux combats sur notre front.
Le Petit Parisien publie une série de dépêches qui, si elles sont vraies, prouvent que Lénine, Trotsky et consorts ont touché d’énormes sommes de l’Allemagne. La plupart de ceux auxquels je parle de cela trouvent cela tout naturel ! On vous dit : « Ce sont des révolutionnaires. » Eh quoi ? Révolutionnaire serait synonyme de vendu et de traître ? Non, ce ne sont pas des révolutionnaires. Ce sont de bas démagogues, fauteurs de coups d’État, autocrates à l’envers, qui rêvent d’une oligarchie d’illettrés et de sans travail. Il y a, heureusement, dans l’histoire passée, et même dans l’histoire de la révolution russe des figures de révolutionnaires qui ont une autre allure. Tolstoï était un révolutionnaire. Kerensky, malgré ses immenses fautes est une noble figure. Il a voulu être d’accord avec ses théories. J’évoque les figures de Danton, de Condorcet, de Carnot, j’évoque les figures d’un Calvin, d’un Luther, d’un Bruno. Mais ceux-là ! Ces Lénine, ces Trotsky. Ils disent repousser tous les principes du tsarisme, et ils en imitent tous les procédés. Mais ils crient fort et l’on a peur d’eux. Avec quelle timidité nos socialistes en parlent ici. Ils n’ont, eux, les léninistes, qu’une qualité, c’est de ne pas avoir de timidité. L’heure serait venue, l’heure est venue de s’élever contrecette parodie du socialisme, contre cette triple trahison des chefs maximalistes , trahison vis-à-vis de la cause de l’Entente, trahison vis-à-vis de la Russie, de tout son passé, de tout son effort d’unité, trahison vis-à-vis du partisocialiste. Il faudrait qu’en ces heures, les plus graves que nous ayons traversées depuis le début de guerre, plus graves peut-être encore que celles du mois d’août 1914, il faudrait qu’une voix s’élevât qui prononçât pour programme socialiste les paroles égales à celles du président Wilson pour les rapports internationaux. Jaurès est mort. Qui ramassera le flambeau ? Eh quoi ! va-t-on le laisser se transformer en torche dans les mains des traîtres ? Personne pour le leur arracher , en éteindre les sinistres lueurs d’incendie, et lui redonner sa flamme pure qui éclairerait notre voie à tous. Faut-il tant de courage pour oser dire que ceux-là sont des bandits qui ont osé réunir une Assemblée Constituante dans les conditions où nous avons vu se réunir la Constituante russe, et la dissoudre aussitôt la menace de jeunes marins armés de grenades ! Faut-il tant de courage pour oser dire que ceux-là sont des traîtres qui ont reçu de l’argent des ennemis de leur patrie et de leurs idées… Et puis, assez sur ce sujet. Il est trop facile. Je souhaite de toutes mes forces qu’il soit, le plus prochainement possible, traité à une tribune retentissante, par une pure voix socialiste. À l’oligarchie des soviets il faut opposer le socialisme évolutionniste, et il ne faut pas avoir peur du mot : le socialisme parlementaire. Aucune forme de gouvernement ne peut être parfaite. Mais celle-ci est la moins imparfaite. Celui-là sauverait et le socialisme et le parlementarisme et la cause de l’entente qui saurait tirer avec force et avec courage les paroles nécessaires et qui sont urgentes.
Au fort de la Pompelle et la ferme d’Alger ( Reims)
Autre point majeur dans la défense de la ville de Reims, le fort de la Pompelle devient duranttout le conflit un lieu où se déroulent de nombreux combats. Entre 1915 et 1918, plusieurs opérateurs se succèdent dans le fort, en grande partie détruit par les bombardements de l’artillerie allemande. Le fort demeure donc un point de résistance, d’où s’engagent également
les troupes russes arrivées en France à l’été 1916 (opérateur Darsy, SPA 27 A). L’opérateur Samama-Chikli réalise plusieurs vues en février 1918 (SPA 65 L), car le fort connaît plusieurs tentatives adverses pour le faire tomber.
Tout près du fort se trouve la position de la ferme d’Alger. Ce secteur situé devant le fort de la Pompelle est le théâtre de violents combats lors de l’année 1915. Tout au long de la guerre, la position sera le poste d’observation et d’attaque qui permet aux défenseurs du fort de la Pompelle de tenir (SPA 3 V).
Le 7 février 1918 voit la naissance de l’armée tchèque autonome, commandée par le général français Janin et son adjoint tchèque Milan Stefanik. Jusqu’à l’armistice, trois régiments, les 21e, 22e, et 23e régiments de chasseurs tchécoslovaques, sont formés en France, à Cognac .
Lutte d’artillerie dans la région du bois des Fosses. En Woëvre, nos patrouilles ont ramené des prisonniers. Une de nos escadrilles de bombardement a survolé Sarrebrück lançant avec un plein succès sur cet important noeud de voies ferrées, 3610 kilos de projectiles. Attaqués par plusieurs groupes d’avions ennemis, nos équipages, acceptant le combat, ont abattu trois appareils allemands et sont rentrés complet dans leurs lignes. Sur le front britannique, des tentatives de coups de main ennemis ont échoué vers Mericourt et Avion. Nos alliés ont fait des prisonniers. Activité des deux artilleries vers Hargicourt et au sud de Lens. En Macédoine, rencontre de patrouilles sur la basse Strouma.
Dans la région de Doiran et à l’ouest du Vardar, actions d’artillerie intermittentes. A l’ouest du lac de Presba, l’ennemi a échoué dans une tentative de coup de main sur nos tranchées au nord de Leskovac. Sur le front italien, activité d’artillerie. Des escadrilles de bombardement italiennes et anglaises ont battu efficacement des troupes ennemies près de Primolano. Cinq avions ennemis ont été abattus. Venise, Mestre et Trévise ont été bombardés. Ni victimes, ni dégâts.
Beaucoup de grèves depuis quelques jours. D’abord, celle des petites ouvrières de la mode et de la couture, les « midinettes ». Leurs cortèges parcourent le quartier de l’Opéra. La plupart sont jeunes, coquettes, en « tailleur » bleu marine. Elles rient. Elles chantent. Ou bien, sur l’air des « Lampions », elles réclament : « Nos vingt sous, nos vingt sous. »
D’autres corps de métier ont suivi. Aujourd’hui, par hasard, j’ai assisté à des manifestations plus graves, vers la place de la République. Le boulevard, en ces parages, avait un aspect inaccoutumé. De ci, de là, sur le trottoir, un vieux chanteur, accompagné par deux ou trois violons, au milieu d’un cercle religieux d’auditeurs, disait une chanson qui s’achevait par : « Vive la grève. »
Sur la place, même effervescence. Des cortèges se forment à la Bourse du Travail, toute proche. Des pancartes, à l’extrémité d’un bâton souvent orné d’un bouquet, servent de signe de ralliement : « Bijoutières. Fleuristes. Plumassières. »
Une petite troupe passe, ardente et sévère. Beaucoup de très jeunes hommes, l’insigne de la croix de guerre ou des réformés au veston. Ce sont des grévistes, employés de restaurants ou de cafés. Ils s’arrêtent devant chaque établissement encore ouvert, afin d’entraîner leurs camarades. Un groupe y pénètre. Les autres crient : « Tabliers ! Tabliers ! » Les délégués sortent, annoncent que le personnel se met en grève. On les acclame. Les consommateurs quittent vivement la terrasse. Des grévistes rangent les verres, les porte-allumettes, reculent les tables et les chaises, soucieux d’éviter tout vol et tout dégât. La devanture de fer tombe à grand bruit. L’opération n’a pas duré cinq minutes.
Tirailleurs en tenue de campagne devant un abri de bombardement ; de g. à dr; 1, Prince Bun Vien ; 2, comte Ung Triel ; 3, comte Ung Thieu ; 4, comte Bun Dong.
Source : Collections Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC)
(Aviation) René Dorme abattu au nord est de la Pompelle (51)
René Dorme a disparu dans la soirée du 25mai1917 entre 19h et 21h6. Après une première sortie le matin et avoir probablement abattu un Albatros C. entre Époye et Berru à 8h10, il redécolle à 18h40 en compagnie du lieutenantAlbert Deullin pour effectuer une « ronde sur les lignes ennemies ».
Les pilotes français à bord de leurs SPAD VII croisent un groupe de 4 à 6 chasseurs allemands à l’est de Reims et engagent le combat malgré leur infériorité numérique. Albert Deullin rapportera qu’il a tout d’abord vu le sous-lieutenant Dorme descendre en flammes l’un des appareils ennemis avant de perdre sa trace puisque lui-même se trouvait dans l’obligation de combattre contre d’autres chasseurs. Une fois le combat terminé, il verra sur le chemin du retour un avion français fumant dans les tranchées. Il apparaît faire peu de doute qu’il s’agissait bien de l’appareil de René Dorme, celui qui arborait fièrement une croix de lorraine sur son fuselage. Cependant, il subsiste une incertitude quant aux conditions exactes de sa mort et sur le nom de son éventuel vainqueur.
SPAD S.7
Sa chute peut sembler correspondre au rapport effectué par l’asHeinrich Kroll(en) de l’escadrille Jasta 9(en). Toutefois, il reste sans doute et pour toujours des zones d’ombre. Le lieutenant Kroll fait état d’un combat s’étant terminé par la chute de son adversaire, sans dire objectivement qu’il en est la cause directe, sur le Fort de la Pompelle qui était alors sous contrôle des forces françaises. Cependant, René Dorme est tombé dans les lignes allemandes. De plus il existe une controverse quant à la date exacte de la victoire de l’as allemand qui dans une lettre écrite à ses parents indique la date du 23 mai 1917 et non du 25.
D’autres pilotes de chasse allemands ayant patrouillé dans le secteur de Reims revendiquèrent une victoire sur un SPAD à la fin de cette journée. Il s’agit du lieutenant von Breiten-Landenberg membre de la même escadrille que Heinrich Kroll(en) ainsi que le HauptmannOtto Ritter von Schleich officier commandant la Jasta 21(en). Cette dernière a la particularité d’avoir déclaré la perte d’un officier dans le même secteur, à une heure apparemment différente, mais descendu en flammes. Cette perte pourrait correspondre, du moins en partie, avec l’attaque effectuée par René Dorme et observée par son ami Albert Deullin avant qu’il ne le perde de vue.
Ce monument se situe en face du fort de La Pompelle en bordure de la D944 sur la commune de Puisieulx, il fut érigé en l’honneur des soldats tombés dans ce secteur du front par le Souvenir Français à l’emplacement de la Ferme d’Alger. Le monument a été restauré en 1998, à l’occasion du 80e anniversaire de l’armistice de 1918.
Journal du vendredi 25 mai 1917 à travers Le Miroir
Sur le plateau de Vauclerc, une attaque allemande, consécutive à un violent bombardement, a été immédiatement arrêtée et rejetée dans ses tranchées de départ après avoir subi des pertes sérieuses. Les prisonniers que nous avons faits dans ces régions appartiennent à six régiments de quatre divisions différentes.
Depuis le 1er mai, 8600 prisonniers allemands valides ont été capturés par nos troupes entre Soissons et Auberive. En Champagne, lutte d’artillerie assez active dans le massif de Moronvilliers. Plusieurs de nos avions de bombardement ont lancé 2200 kilogrammes de projectiles sur les gares de la région de Rethel et des incendies se sont déclarés. Les Anglais ont repoussé une tentative de raid ennemi vers Armentières et infligé de grosses pertes aux assaillants. Ils ont abattu cinq avions allemands. Sur le Carso, après 10 heures de bombardement, les troupes italiennes de la 3e armée ont attaqué les lignes ennemies de Castagnevizza à la mer. Elles ont largement progressé. Les contre-attaques autrichiennes ont été partout repoussées. Nos alliés ont capturé 9000 prisonniers dont plus de 300 officiers. De fortes escadrilles d’avions et dix batteries anglaises du plus récent modèle ont participé à l’action.
22 bombardiers Gotha attaquent Folkestone et Shorncliffe dans le Kent. C’est le premier grand raid allemand de bombardement diurne. Le raid fait 95 morts et 260 blessés au Royaume-Uni. Un bombardier est abattu et un autre est endommagé par des chasseurs basés en France.
Journal du samedi 25 mars 1916 à travers Le Miroir
En Argonne, à la suite de l’explosion d’une de nos mines à Vauquois, l’ennemi a attaqué et a réussi à prendre pied un moment dans notre trauchée de première ligne. Mais une contre-attaque l’en a chassé aussitôt; au cours de cette contre-attaque, nous avons fait une trentaine de prisonniers. Activité de notre artillerie sur les voies de communications ennemies en Argonne orientale et sur le bois de Malancourt-Avocourt.
Au nord de Verdun, pas d’évènement. Bombardement intermittent de nos deuxièmes lignes à l’ouest et à l’est de la Meuse, avec riposte énergique de nos batteries. Au nord-est de Saint-Mihiel, nos pièces à longue portée tirent sur la gare de Vigneulles, démolissent un hangar, provoquent l’explosion d’un train qui se trouvait en gare.
Le débat budgétaire a commencé au Reichstag;la plupart des orateurs critiquent les nouveaux impôts. La presse allemande avoue que le quatrième emprunt a été un demi-échec. Certains journaux d’outre-Rhin préconisent la substitution de la guerre aérienne à la guerre sous-marine.
Les Turcs se disposent à résister à Trébizonde. De nouvelles émeutes ont en lieu à Constantinople.
…] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis encore vivant. […] Nous étions tous montés là-haut après avoir fait le sacrifice de notre vie, car nous ne pensions pas qu’il fût possible de se tirer d’une pareille fournaise. Oui, ma chère mère, nous avons beaucoup souffert et personne ne pourra jamais savoir par quelles transes et quelles souffrances horribles nous avons passé […] ».
Seul fils d’une famille de sept enfants, Gaston Biron a 29 ans en 1914 et pendant plus de deux années de guerre, il ne cesse d’écrire à sa mère Joséphine. Six mois avant sa disparition, dans cette correspondance bouleversante, Gaston Biron évoque l’immense tragédie de la bataille de Verdun dont les prémices remontent à quelques semaines.
25 mars 1916 : explosion d’une mine française de 12 tonnes qui pulvérise l’église de Vauquois
Des vagues gazeuses sur La Pompelle
Opération dans le secteur de la Pompelle, 25 mars 1916 (Champagne) :
29 janvier : arrivée de la Cie et du matériel à Germaine, Sillery et Taissy. L’opération projetée dans le secteur du fort de la Pompelle, secteur ouest, à l’ouvrage du Haricot, sur un front de près de 3 km. 31 janvier : visite du secteur avec l’aide d’un officier guide qui manifestement, ne connaît rien au secteur. Impossible de se procurer une carte exacte. 1er février : le matériel est transporté de gare de Germaine vers une cave-abris à Sillery. Les nouveaux abris de poste d’émission ont été définis : ils sont plus profond, enterrés d’un mètre et nécessiteront une rallonge à tuyau souple. Le piquetage est entièrement terminé, 150 postes d’émission sont prévus, à douze bouteilles, soit 1800 bouteilles ou 72 tonnes de chlore. La densité est de plus de 25t/km. La Cie prévoit d’utiliser 200 bouteilles de type moyen de 50 kg chargées de Collongite (phosgène), en espérant que celles-ci soient arrivées avant l’opération. A cet effet, on souhaite attendre l’arrivée du masque TN qui assure, contrairement au T actuellement en dotation, une protection contre le phosgène. Les travaux commencent le 7 février et le 11, les bouteilles commencent à être transportées. Le 13 février, tout est prêt pour l’opération, mais les bouteilles de phosgène ne sont pas arrivées. Situation d’attente, vents défavorables.
25 mars au matin, prévision avec tendance à devenir favorable. A 18h00, le vent devient favorable, l’alerte est donnée à 18h30 et le départ du cantonnement à 19h30. A 20h30, tous les éléments sont à leurs postes. Le général commandant le 38e C.A. lance à 21h35 l’ordre conventionnel qui fixe le début de l’opération à 23h00. l’opération à lieu de 23h00 à 0h05 selon le programme convenu, avec succès. Deux vagues : 23h00-23h30 et 23h45-0h05. L’ennemi, entièrement surpris, réagit mollement et seulement à partir de 23h12 ; sa fusillade devient assez vive et ne dure qu’une dizaine de minutes. L’artillerie ne réagit pas . 39 hommes de la Cie sont évacués suite à des retours de gaz. Le JMO du 38e C.A. relève 75 intoxications. Nous n’avons pas connaissance des pertes de l’ennemi. La densité de la vague est importante, à l’égal de celle des vagues allemandes de 1915.
A partir de 7 heures, ce matin, violente canonnade, qui, entendue d’abord de très loin, s’est rapprochée et a gagné le secteur de Reims. Les sifflements et les explosions des arrivées commencent, en outre, à se faire entendre au moment où je me dispose à prendre le chemin du bureau. Très peu de monde dans les rues. Quand j’arrive à l’hôtel de ville, les pompiers, le casque sur la tête, s’y tiennent prêts à intervenir.
Les Boches ont attaqué, paraît-il, sur un front de dix kilomètres, de Prosnes à la Pompelle et pendant ce temps, Reims est violemment bombardée jusqu’à 11 heures.
Des obus incendiaires sont tombés rue de Talleyrand et rue de Vesle. L’auto-pompe part. Un incendie qui paraît prendre des proportions s’est déclaré dans les ateliers de la maison d’ameublement l’Hostie; d’autres foyers se devinent encore à proximité. Les obus sifflent toujours.
L’hôtel de ville est touché de nouveau, sur le haut de son bâtiment de la rue de la Grosse Ecritoire. A côté, la maison au 9, rue des Consuls reçoit un projectile à hauteur de son premier étage. Au cours de ce bombardement, la rue de Vesle a particulièrement souffert.
L’Eclaireur dit qu’il a été envoyé 500 obus.
Journal du jour vu dans Le Miroir
Les Allemands ont fait mine de nous attaquer en Artois, ayant massé d’importants effectifs dans leurs tranchées du Bois-en-Hache et de la vallée de la Souchez. Notre artillerie, par un barrage énergique, les a empêchés de déboucher. Lutte d’artillerie à notre avantage au sud de la Somme, aux environs de Tilloloy et de Saint-Léocade. Nos patrouilles ont fait des prisonniers sur la rive gauche de l’Aisne. Bombardement actif en Champagne. Nos batteries ont provoqué l’explosion d’un important dépôt de munitions. Vifs combats à la grenade dans les Vosges, au Schratzmaennele; canonnades à l’Hartmannswillerkopf et dans la vallée de la Thur. Les Russes ont progressé dans la région des lacs au nord, et dans la région du Pripet. Les troupes serbes, françaises et anglaises combinées se sont heurtées aux Bulgares, à Valandovo. Le général Sarrail a pris le commandement du corps expéditionnaire. L’Italie participera au bombardement de Dédéagatch.
Les troupes italiennes ont remporté un sérieux succès dans le Trentin, aux environs immédiats de Riva (lac de Garde).
Les monuments parisiens attendent leurs grands hommes
Dans son édition du 19 octobre 1915, Le Figaro propose que l’on place des statues à l’effigie des héros de la guerre dans les niches vides des édifices publics, au lieu d’encombrer les espaces publics de Paris.
«On procède en ce moment au recensement des niches vides de nos palais parisiens, et elles sont nombreuses.
Saint-Saëns demandait, il y a quelques années, qu’on renonçât, pour la beauté de Paris, à encombrer de statues nos jardins, nos carrefours et nos rues.
“Pourquoi, disait-il, ne les installerait-on pas à l’endroit qui est tout justement aménagé pour les recevoir: dans les niches de nos édifices publics qu’on laisse vides, tandis qu’on met les hommes de marbre ou de bronze sur les trottoirs, sur les chaussées, sur les pelouses, partout où ils ne devraient pas être?”
Journée de bataille, gaz asphyxiants, bombardement effroyable et grâce au bon S. C. votre serviteur est intact. Ce matin quand le chlore a commencé à arriver, j’ai fait mon acte de contrition, recommandé mon âme à Dieu et nous sommes partis pleins d’entrain, le colonel, moi, quelques agents de liaisons, pour le poste de commandement du colonel du secteur ; il pleuvait de la fonte et le bruit était effroyable ; nous n’avons eu que la fin du nuage gazeux mais nos premières lignes en ont pas mal souffert. Le bombardement a duré jusque vers 10 h. ; une attaque d’infanterie allemande, peu considérable d’ailleurs, n’a pas fait 50 au delà de ses tranchées ; elle a été fauchée par nos mitrailleuses ; j’ai eu une journée très fatigante, déjeuné à 15 h. avec un bout de pain et de viande froide. Ce soir, et depuis midi tout est calme.
On vous aime tendrement, on vous embrasse et on vous prie de ne pas vous inquiéter ; les Boches ont été si bien reçus qu’ils ne recommenceront pas. Votre L. M.
Historien de formation et auteur du livre Le Sénégal dans la Guerre 14-18, Iba der Thiam, s’est longtemps plongé dans les archives nationales pour comprendre l’engouement d’un partie de la population à se rendre au front. Qui fut Blaise Diagne ? Quel rôle a-t-il joué dans le recrutement des Sénégalais ? Entretien.
RFI : Quel est le contexte au Sénégal, au moment où éclate la Première Guerre mondiale : est-il favorable au recrutement de Tirailleurs sénégalais ?
Iba der Thiam : 1914 était une année d’élection. Blaise Diagne, homme politique influent, marié à une Française et originaire de l’île de Gorée, s’était porté candidat aux législatives. Diagne bat campagne dans un contexte particulier : les citoyens des quatre communes menaient un plaidoyer pour accéder au service militaire. Les Français, alors leaders de la scène politique, leur disaient qu’ils ne pouvaient pas être des citoyens à part entière et ne pouvaient par conséquent aspirer à des fonctions plus importantes.
A Saint-Quentin, médaille à Louise Huges de l’Union Des femmes de France ( croix-Rouge)
Le 19 octobre 1915, le Général Von Nieber témoigne sa reconnaissance aux dames ambulancières françaises et remet une médaille à Louise HUGUES. A l’issue de la guerre, l’Union des Femmes de France, toujours animée par Louise HUGUES, organise des soupes populaires pour la population de retour dans une ville qui a beaucoup souffert.
Gaz asphyxiants au-dessus de la Pompelle pour le 347 ème RI
19 octobre 1915
A 7h, 2 fusées rouges sont lancées des lignes allemandes, au-delà de la Pompelle. Violente canonnade.
7h30 alerte des Cies aux tranchées. Les 18è et 19è qui étaient aux travaux, reçoivent l’ordre de rentrer au cantonnement pour se mettre à la disposition du Capitaine CITERNE, commandant provisoirement le 5è bataillon, en l’absence du Commandant DEVERRE.
De 9h à 9h30, 40 coups de 77 et de 105 sur le centre de la Cie de gauche et entre les premières et 2è lignes.
Des gaz asphyxiants sont envoyés des tranchées ennemis vers l’ouvrage du Quadrilatère et sont poussés par le vent vers la Jouissance.
Nos batteries et de 75 et de 95 (Parc Pommery) ripostent en bombardant les tranchées ennemies du secteur de l’Allée noire et de la Pompelle.
A 15h retour du calme, reprise des travaux.
Entre 7 et 9h du matin, l’ennemi a lancé des nuages de chlore sur les tranchées de la Pompelle et sur la 2è ligne [secteur du 245è et 118è territorial]
La nappe gazeuse a été émise sur un front de 10 km. Le nuage gazeux paraît avoir été arrêté par le canal de la Vesle. Au-delà de cette vague gazeuse chlorée, l’ennemi a fait barrage avec des obus lacrymogènes. Un débris d’obus sentait nettement le bromure de benzyle.
Le 96 ème anniversaire de l’Armistice a été l’objet de plusieurs rendez-vous à Reims en cette année du Centenaire de la Première guerre mondiale. Avec la participation remarquée de la chorale de la Maîtrise de la cathédrale
Réunis en début de matinée sur le plateau du fort de la Pompelle dominant la ville de Reims et présentant ses collines alentours envahies par une superbe lumière, anciens combattants, élus, monde associatif, enseignants accompagnés de nombreux écoliers et collégiens ont tout d’abord inauguré le premier parcours « Chemin de mémoire » créé par la ville et l’Office de tourisme pour perpétuer la mémoire de plusieurs sites du Pays rémois marqués par la guerre 14-18 .
Dévoilement d’une plaque commémorative inaugurant officiellement le Fort de la Pompelle agrandi et réaménagé, dépôt de gerbes et de roses au pied de la stèle aux combattants de la Pompelle et au monument au corps expéditionnaire russe représenté par Alexandre Orlov, ambassadeur de la fédération de Russie en France (1), la cérémonie a été ponctuée par une intervention du député-maire de Reims Arnaud Robinet. dont voici l’essentiel.
Une délégation de jeunes étudiants russes étaient présentes aussi au Fort de la Pompelle
Des parcours chemins de mémoire
inauguration du premier « chemin de mémoire »
« En ces lieux qui furent la clef de voûte du système de défense de Reims, 10.000 alliés périrent pour assurer la défense de notre ville jusqu’à la victoire de 1918. Ces héros, ces résistants héroïques… ont à jamais inscrit la Cité des sacres au rang des grands témoins des guerres qui ponctuèrent le XX ème siècle.
Si la valorisation historique et muséographique du Fort de la Pompelle témoigne de notre volonté de faire ce lieu de mémoire un élément majeur de notre patrimoine historique, sa préservation concoure également au devoir de mémoire et de transmission de notre patrimoine historique commun notamment auprès des plus jeunes.
Désormais, pour se souvenir de ce passé douloureux, pour comprendre ces temps de notre histoire qui marquèrent de nombreuses générations. »
Seconde phase de travaux en décembre
Pour la troisième fois cette année, le fort de la Pompelle a été inauguré! deux fois par le député maire (via une pré-inauguration)et une fois par le président de la République François Hollande !
« Le Fort dispose d’atouts pédagogiques, des outils modernes qui sont entièrement au service de la Mémoire et de sa transmission, des outils dont nous allons poursuivre le développement puisque la deuxième phase de travaux du Fort débutera dès décembre prochain. Je viens en effet d’apprendre avec plaisir que suite à ma demande de juillet au Président de la République cet investissement sera soutenu à hauteur de 150.000€ par l’Etat. »
Des écoliers devant la stèle édifiée à l’ont »rieur du Fort de la Pompelle
Etre vigilant, développer les valeurs d’ouverture d’esprit, de respect mutuel et de tolérance
le député-maire Arnaud Robinet a lancé un appel à une « vigilance collective »
Le député-maire Arnaud Robinet a ensuite invité jeunes et moins jeunes à un vrai devoir de vigilance accrue, « les mêmes causes produisant les mêmes effets.
« Le XX ème siècle fut un des siècles où furent perpétrés les plus tragiques abominations et qui fut marqué par les plus grandes espérances.
Le XX ème siècle était plein de promesses :
-le commerce mondial était florissant,
-les progrès techniques tant en matière d’énergie qu’en termecde communication ouvraient, grâce à l’électricité, aux premières voitures, premiers avions, premiers téléphones, de nouveaux espoirs de mieux vivre à nos sociétés ; mais la crise financière de 1907 entraîna son lot de faillites, chômage et misère.
Inquiets, nos peuples se terrèrent derrière le protectionnisme et s’abritèrent derrière un repli identitaire qui laissa rapidement place aux idéologies totalitaristes antidémocratiques.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les circonstances qui conduiront à la Première guerre mondiale, conduiront à favoriser la seconde guerre mondiale un peu plus de 20 ans après l’armistice de 1918.
En observant ce qui se passe aujourd’hui dans nos pays européens, en observant combien l’attrait de l’extrémisme et du repli sur soi devient une tentation, je ne peux qu’en appeler à la vigilance collective. En tant qu’élus, en tant que représentants institutionnels, à l’écoute des préoccupations de nos concitoyens, nous entendons les inquiétudes face à l’avenir que suscite la situation actuelle et nous en tenons compte.
Certains événements de l’actualité nationale et internationale, comme certaines tensions aux frontières de notre pays et de notre continent, nous renvoient à notre histoire. Les mauvais choix et les postures irresponsables d’aujourd’hui pourraient être lourds de conséquences pour demain… Notre vigilance doit donc être collective !
Mais, pour être vigilants… Nous devons à la fois comprendre et faire comprendre, apprécier et faire appécier, … les valeurs d’ouverture d’esprit, de respect mutuel et de tolérance.
Nous le devons à tous ceux qui nous ont précédés et dont nous honorons la mémoire aujourd’hui.
N’oublions pas qu’ils ont combattu pour la France et pour les valeurs qu’elle incarne.
N’oublions pas que nombreux perdirent ici même la vie en défendant un idéal de justice, de tolérance, de démocratie, de liberté et d’humanisme.
Nous le devons pour préserver intacte leur mémoire !
Nous le devons aux plus jeunes de nos cncitoyens pour lesquels nous nous efforçons de préserver la paix et de construire un avenir meilleur.
Nous le devons à tous ces enfants qui aujourd’hui sont venus inaugurer cette place forte de la résistance de Reims, symbole de l’esprit de Liberté qui animait les combattants de 14. »
Les jeunes pour perpétuer la Mémoire
Près de 200 enfants, écoliers et collégiens ont participé aux cérémonies
Du début à la fin des commémorations de l’Armistice qui leur ont laissé une grande place, le député maire a aussi insisté sur l’importance de la présence de nombreux jeunes ce matin : écoliers de Charles Arnould, Joliot-Curie, Paul Bert, Thillois et Notre-Dame ; des collégiens de Paul Fort, le conseil municipal des jeunes.
« Votre présence ce matin est fondamentale et c’est pourquoi j’ai souhaité que ce soit vous qui inauguriez ce fort de la Pompelle en ce jour symbolique.
(…)Le travail de mémoire s’impose à Reims comme une réalité de chaque jour et un souci de chaque instant : d’expositions en ateliers, de concerts en colloques, d’événements en commémorations, du cinéma aux tables des cantines de vos écoles, les scientifiques, les auteurs, les artistes, les associations, les agents de la ville, vos enseignants, vous permettent d’appréhender la résonance particulière de ce Centenaire de la grande guerre dans votre ville.
Aujourd’hui votre présence permet de tourner ces temps de souvenir vers l’avenir.
Demain, c’est vous qui perpétuerez la mémoire vivante. »
Médailles, gerbes, musique, chansons, Place de la République
A 11 heures, la cérémonie organisée devant le monument aux morts inauguré par le maréchal Pétain sitôt la guerre, a aussi été haut en couleurs.
En plus de l’harmonie municipale, en plus des anciens combattants, des sapeurs pompiers, de nombreux militaires , on a pu constater la présence d’un public plus important qu’à l’accoutumée.
Et pour la première fois le choeur de la maîtrise de la cathédrale a chanté de divine façon. La Marseillaise avec le concours de l’harmonie municipale, mais aussi dues autres morceaux musicaux: « le soldat » de Florent Pagny avec le jeune choriste Thiago Cardoso (notre vidéo) et « Pueri ornes pacem Dei cantabunt’ avec Jules Janin Sartor.
Deux civils, deux militaires et un chien militaire ont eu les honneurs de la République avant que sous la halle du Boulingrin Marc Christophe ne reçoive l’Ordre national du Mérite des mains du colonel Carminati, 92 ans et toujours bon pied, bon oeil.
La journée commémorative s’est terminée par une autre cérémonie au cimetière du Nord
(1) on pouvait remarquer aussi la présence de Catherine Vautrin, présidente de Reims métropole, le sous préfet Michel Bernard, Hubert Walbaum président de l’association des amis du Fort de la Pompelle,
A lire sur le site du journal L’Union Par Marion Dardard
Elle avait été sortie de la réserve en juin dernier pour l’inauguration du Fort de la Pompelle restauré, et aussitôt rangée. Achetée il y a peu, la croix de chevalier de la Légion d’honneur de Joseph Frantz, ce pilote français à qui l’on doit, avec Louis Quénault, la première victoire aérienne de tous les temps, le 5 octobre 1914, sera de nouveau exposée ce dimanche au musée, pour l’anniversaire de l’exploit, et désormais de manière permanente.