Le 31 août 1918, Le Figaro témoigne du début de la pandémie de grippe espagnole en France, dans le Nord et en Auvergne.
«On signale qu’au village de Santes, commune d’Echassières, vingt personnes, sur une quarantaine formant la population, ont été malades en même temps de la grippe espagnole.
Quatre sont mortes. Quelques cas ont été constatés à Louroux-de-Bouble.» écrit Le Figaro du 31 août 1918.
Notre progression a continué dans la région du canal du Nord, que nous bordons entièrement, sauf vers Cartigny et Sermaize. Nous avons occupé le bois du Quesnoy, au nord-est d’Eurvilly et Beaurains.
Plus au sud, la bataille a revêtu un caractère de vif acharnement. Nous avons enlevé Noyon de haute lutte et progressé jusqu’aux lisières sud d’Haplincourt. A l’est de Noyon, nous avons pris pied sur les pentes sud du mont Saint-Siméon et conquis Landrimont et Morlincourt. Nous avons fait plusieurs centaines de prisonniers. Entre l’Oise et l’Aisne, nos troupes ont réussi à franchir l’Ailette en plusieurs points, au nord et au sud de Champs, en dépit de la résistance allemande. Guny et Pont-Saint-Mard sont entre nos mains. Les Anglais ont occupé Bapaume; malgré la destruction des ponts, leurs avant-gardes ont franchi la Somme au sud et à l’ouest de Péronne. Ils ont pris Cléry-sur-Somme et Combles : dans ce seul secteur, ils ont capturé 210 prisonniers et des canons. Au nord de Bapaume, les troupes de Londres et du Lancashire ont réalisé des progrès importants à l’est de la Sensée, occupé Bullecourt et Hendecourt, ainsi qu’un puissant système de tranchées. Nos alliés ont encore avancé de part et d’autre de la Scarpe vers Eterpigny, Hamblain-Les-Prés et Plouvain.
Les nombreux mensonges autour de la grippe « espagnole »
Dans son édition du 7 juillet 1918, le quotidien Le Matin titrait : « La Maladie à la mode – LA GRIPPE ESPAGNOLE A GAGNÉ L’EUROPE – En France, cette influenza est bénigne et elle est guérie en une semaine environ ».
L’auteur de l’article, indiquant que cette maladie originaire d’Espagne avait été contractée par le roi Alphonse XIII lui-même, assurait également de façon fantaisiste que les Allemands y étaient « particulièrement exposés ».
« En France, elle est bénigne ; nos troupes en particulier y résistent merveilleusement. Mais de l’autre côté du front les boches semblent très touchées par elle.
Est-ce le symptôme précurseur de la lassitude, de la défaillance des organismes dont la résistance s’épuise ? Quoi qu’il en soit, la grippe sévit en Allemagne avec intensité. »
Dans un même ordre d’idées, Le Matin affirmait une semaine plus tard que l’ennemi était contraint de « combler les nombreux vides creusés dans ses rangs, vides transitoirement agrandis par la grippe […]. »
Néanmoins, le quotidien L’Homme Libre de Georges Clemenceau, dans son édition du 31 mai 1918, affirmait sur un ton déjà plus sérieux que l’épidémie de grippe avait déjà fait de nombreuses victimes sur le territoire espagnol :
« L’épidémie grippale va en s’intensifiant, on signale quelques morts. Les personnes atteintes sont au nombre de 150 000. Les causes du mal restent inconnues. »
Les symptômes généraux de cette maladie furent très similaires à ceux de la grippe « traditionnelle », du moins dans un premier temps, comme nous l’explique Le Matin :
« Celui qu’elle atteint se lève, frais et dispos un matin, puis dans la journée il est pris brusquement de courbature et d’un malaise général : le jour même il a de la fièvre ; la nuit suivante est agitée et le lendemain on a mal à la gorge et bientôt on tousse. »
Le 7 juillet 1918 Le Figaro relate cette information.
«Dans beaucoup d’hôtels de province situés à proximité de quelque centre universitaire, on voit, en ce moment, des pères, des mères de famille venus de Paris implorer la faveur d’être hébergés pour quelques jours, à n’importe quel prix. Un tout jeune homme, ou une toute jeune fille sont avec eux. Peu de bagages mais au fond d’une des valises qu’on ouvre des cahiers, plusieurs bouquins cartonnés, des dictionnaires.
Cet adolescent, cette jeune fille sont simplement un lycéen, une lycéenne qu’accompagnent leurs parents et qui viennent passer, en province, leur baccalauréat à l’abri des gothas et d’un retour possible, des gros canons.
Comme pour le mariage des mobilisés, les formalités d’usage ont été à cette occasion, très simplifiées; aussi nos Facultés du Centre, de l’Ouest, du Midi, voient-elles s’empresser vers elles tous nos déracinés du Bachot parisien.
L’une des plus encombrées de ces universités est celle de Clermont-Ferrand, où la session du baccalauréat vient de s’ouvrir. Plus de mille candidats indigènes et immigrants y sont inscrits» écrit Le Figaro du 7 juillet 1918.
Toujours en réserve de je ne sais quoi, tapi sous une inconfortable et perméable toile de tente dans un petit bois humide… On attend toujours une hypothétique relève qui finira cependant bien par se faire. Le pays est plein d’Américains… il y en a, il y en a… ils sont même beaucoup trop nombreux. Là où il y a un Français ils se mettent facilement cinquante ce qui permet aux boches de faire de splendides coups au but. J’ai été la nuit dernière témoin des deux plus beaux coups de canon que l’on puisse réussir : l’un a tué 23 Américains, l’autre 15… et je ne compte pas les blessés !! Ces types là sont courageux mais ils ont rudement besoin d’apprendre à faire la guerre et en tout cas s’ils étaient utilisés rationnellement ils nous rendraient deux fois plus de service.
Je partirai à peu près sûrement en permission aux environs du 15 août, j’espère que ce sera pour douze jours quoique je ne sache pas si ma citation sortira avant car j’ai été proposé à l’armée et c’est assez long à venir, surtout si elle descend plus bas ce qui est probable. Maintenant nous sommes un peu reposés mais certes jamais je ne me serais cru capable de faire ce que nous avons fait. La résistance humaine a des limites que l’on ne suppose pas.
Enfin heureusement que bientôt je serai en permission et que tous ces mauvais moments seront vite oubliés.
Georges Clémenceau de passage à Bussy-les-Daours (Somme)
Portrait of French Premier Georges Clemenceau (1841-1929).
Le 7 juillet 1918, Georges Clémenceau, président du Conseil et surnommé « le Père de la Victoire » se déplace personnellement dans la commune de Bussy-les-Daours où sont en repos les soldats de l’armée australienne. Il vient les remercier et les féliciter d’avoir remporté la bataille de Le Hamel. C’est un des actes fondateurs de l’amitié franco-australienne. Un extrait de son discours est gravé sur le Mémorial du Corps d’Armée Australien à Le Hamel.
Nos détachements et nos patrouilles, opérant entre Montdidier et l’Oise, en Champagne, sur la rive droite de la Meuse et en Lorraine, ont ramené des prisonniers. Le nombre des prisonniers que les Anglais ont faits dans leur dernière opération sur la Somme dépasse 1300. Un canon allemand de campagne, plus de 100 mitrailleuses et un certain nombre de mortiers de tranchées ont été capturés. Une contre-attaque allemande sur les nouvelles positions de nos alliés à l’est d’Hamel a été facilement repoussée. Quelques prisonniers sont restés aux mains des soldats britanniques. Ces derniers ont exécuté avec succès un coup de main dans le secteur de Beaumont-Hamel. Ils ont repoussé une tentative ennemie aux environs de Strazeele. Pendant le mois de juin, la défense française contre avions a abattu 29 appareils ennemis dont 3 de nuit. 15 autres appareils ont été désemparés par le tir. Le sultan de Turquie Mehmed V, qui avait succédé à Abdul Ramid en 1909, est décédé. Le prince le plus âgé de la famille impériale ottomane prend le pouvoir sous le nom de Mehmed VI. Une séance tumultueuse a eu lieu au Reichstag. Scheidemann a déclaré que la social démocratie majoritaire voulait à bref délai une paix honorable et qu’elle ne voterait pas les crédits budgétaires au chancelier de Hertling. Le socialiste minoritaire Ledebour a lancé un appel à la révolution du haut de la tribune parlementaire.
Groupement des services chirurgicaux et scientifiques de Prouilly et Bouleuse (51)
Le G.S.C.S. fut organisé en deux échelons, rattachés à la 5e armée, implantés à Prouilly et Epernay. D’avril à juin 1917, le groupement s’installa sommairement à l’HoE de Prouilly qui fut rapidement évacué, le 5 juin 1917, à la suite de bombardements allemands sur des dépôts logistiques situés à proximité de l’hôpital. Le repli s’opéra sur l’HoE de Bouleuse implanté à 17 kilomètres de Reims. Dans cette formation hospitalière baraquée de plus de 3000 lits, le G.S.C.S. prit une importance considérable sous la conduite du professeur Regaud qui était « un apôtre ascétique avec un merveilleux esprit d’organisation »
(…)L’école médico-chirurgicale interalliée ou « faculté de médecine de guerre » fonctionna à Bouleuse jusqu’à l’offensive allemande de mai-juin 1918. A cette date, pressé par les succès allemands vers la montagne de Reims, le G.S.C.S. fut évacué sur son échelon arrière d’Epernay. L’HoE de Bouleuse abandonné dès le 29 juin 1918 ne fut libéré que le 22 juillet 1918.
la France a été la première à reconnaître la Tchécoslovaquie, le 29 juin 1918. C’est, en effet, à Paris, rue Bonaparte, qu’avait son siège le Conseil national tchécoslovaque et d’où ses activités politiques et diplomatiques en vue d’obtenir la reconnaissance de l’Etat auprès des puissances étaient coordonnées. Quel a donc été le soutien de la France à la cause tchèque, et à la première République masarykienne ? On écoute Antoine Marès :
« Il faut peut-être rappeler que l’appui de la France à la cause tchèque est quelque chose qui précède déjà la Première Guerre mondiale et qui a eu une espèce de convergence intellectuelle entre certains milieux tchèques plus que slovaques, qui relèvent essentiellement d’une espèce de complicité intellectuelle et culturelle qui touche en particulier les milieux artistiques, mais aussi les jeunes gens qui veulent se dégermaniser, avoir une formation occidentale, rentrer en même temps dans la modernité. Et c’est ainsi qu’on a vu des hommes comme Karel Kramář ou Edvard Beneš venir étudier en France. Dans la foulée des contacts qui avaient été pris, il faut remonter aux années du Second Empire, du côté français : la fin des années 60, le début des années 70, pour voir se développer ces relations franco-tchèques qui vont déboucher sur un soutien politique au début de la Première Guerre mondiale. »
29 Juin 1918.-Pendant la 1ere guerre mondiale, on entreposa toute sorte de munitions (obus, bombe, tonneaux de poudre) au polygone. Les tonneaux de poudre cerclés de fer arrivaient par voie de chemin de fer. En roulant depuis les wagons jusqu’aux hangars, un tonneau légèrement disjoint laissa échapper de la poudre sans que les manutentionnaires s’en aperçoivent. Quelques instants plus tard le fer d’un autre tonneau, roulant sur les graviers couvert de poudre provoqua une étincelle. La poudre s’enflamma, le tonneau explosa et de proche en proche provoqua une explosion générale dans le hangar. Heureusement les munitions étaient dispersées dans le périmètre du polygone. Tout ne sauta pas et il n’y eu qu’un blessé grave… mais il n’y eu plus une vitre en état dans tout Grenoble.
Dans les Vosges, trois coups de main nous ont valu des prisonniers.
Nos alliés britanniques, par une heureuse opération de détail, exécutée de nuit, ont pris un élément fortifié ennemi à l’ouest de Vieux-Berquin. Ils ont fait un certain nombre de prisonniers et capturé quelques mitrailleuses. L’artillerie ennemie a montré de l’activité sur différents points entre Givenchy et Robecq. Elle a fait usage d’obus à gaz sur la partie nord-est de la forêt de Nieppe. L’infanterie américaine continue à se distinguer dans la région de Château-Thierry. D’après les évaluations italiennes, les pertes autrichiennes sur la Piave ne seraient pas inférieures à 150.000 hommes. Le nombre des prisonniers faits par nos alliés est de 18.000 hommes. L’ennemi a évacué même les parties de la basse Piave qu’il occupait encore.
Kerenski a fait sa réapparition au Congrès travailliste de Londres et réclamé l’appui des socialistes de l’Entente contre les bolcheviks.
Charles 1er a chargé, après la démission de von Seidler, le comte Silva Tarouca de prendre des informations en vue de la constitution d’un nouveau cabinet à Vienne.
La Baïonnette, dans sa revue de presse le 28 mars 1918, cite Le Canard enchaîné : « C’est curieux combien, depuis la guerre, les petits garçons qui s’appellent Toto ont baissé dans l’estime des autres petits garçons. » Gamin de l’arrière, Toto ne blague pas au front dans les canards. En effet, le vocabulaire poilu s’est étoffé d’un autre toto pour désigner le pou de corps (4 ). Cet envahisseur des tranchées prospère dans la vêture. Le Rire rouge a publié, le 3 mars 1917, un poème du docteur Émile Roudié : « Le Toto, c’est le Pou… mais non le pou hideux,/Qui dort bourgeoisement, sur les vestons miteux/Des embusqués craintifs qui restent à l’arrière./Non, c’est le pou vaillant, à l’allure guerrière. » (5). Las de la guerre La guerre n’en finit pas. Les poilus aimeraient retrouver leur famille et les enfants leur père. Les femmes doivent en tout assurer. Par décret, les pâtisseries devant fermer les mardis et mercredis, Le Rire rouge, le 10 mars 1917, publie une saynète. Une mère est confrontée à un enfant capricieux : « Toto, mange ta soupe./Ze la manzerai pas, na !/Tu seras privé de dessert/M’en fiche, c’est aujourd’hui mardi. » Le mercredi, le père arrive en permission de Verdun, s’emporte devant les dires de Toto : « Tiens, voilà une tarte, sale gosse ! » (6). Le sketch de Fernand Raynaud, Bourreaux d’enfants, débute ainsi en 1959 mais la fin diffère (7).
L’interjection « Vas-y Toto ! » est dans Soldat de Maurice Fombeure, en 1935. Dans ce livre, il raconte son temps de service militaire (8). En 1936, Aimé Souché, prolixe auteur de manuels scolaires, fait paraître La méthode rose, nos amis Lili et Toto (9 ). En 1937 est à la vente dans la presse enfantine, Le Journal de Toto. Des histoires, des blagues de Toto se diffusent encore (10).
Le 28 mars 1918, la population amiénoise évacue la ville face à l’offensive allemande. Après avoir couché pendant un mois dans les souterrains de la citadelle, creusés en 1870 et qui vont à Doullens, c’est de la gare de Longuau, ce 28 mars, que Marguerite et sa famille partent pour Rouen. De là, après trois jours et trois nuits de voyage, ils arrivent à Agen (Lot-et-Garonne) le 5 avril 1918. Elle parvient, avec ses sœurs, à trouver du travail chez des paysans.
Lettre datant du 28 mars 1918 et demandant au commissaire de police de Concarneau de surveiller les faits et gestes du peintre russe Maurice Grün. (Archives municipales de Concarneau)
« L’effort français – Notre infanterie » deJoseph Bédier
(…)La supériorité du nombre, elle vient de la perdre, car, à sa grande stupeur, depuis plusieurs semaines, les Américains sont entrés dans la bataille. Quand, le 28 mars 1918, en un moment très sombre, les généraux Pershing et Bliss, accourus vers les chefs des armées alliées, leur avaient généreusement offert l’assistance immédiate de troupes américaines, ils n’avaient guère pu mettre à leur disposition que 250 000 hommes, et qui ne s’étaient acheminés que peu à peu vers la ligne de feu, pour tenir d’abord, dans les Vosges, les secteurs les plus calmes, du front . Mais à la secondé bataille de la Marne ; c’est par grandes unités constituées que les soldats américains, ont été engagés, et au plus fort des mêlées : à Belleau et à Bouresches, l’ennemi vient d’éprouver leur vaillance, et à Fère et à Sergy [7]. Depuis le mois de mars, les contingents des Etats-Unis débarqués en. France ont quadruplé : au début de juillet, ils atteignent déjà l’effectif de 900 000 hommes, dont près de 600 000 combattants [8]. Or, d’autres contingents débarquent sans cesse, à raison de 200 000 hommes, de 300 000 hommes par mois, et il en débarquera, ainsi durant des mois encore et, s’il le faut, durant des années .
1er mars 1871, 1er mars 1918. En Alsace libérée les petites filles, se restreignent de bon coeur pour hâter la déliverance de l’Alsace encore annexée. Faites comme elles. LOC Résumé: La tête d’une fille en costume alsacien avec un drapeau français drapé autour d’elle (sans doute la personnification de l’Alsace). LOC Notes: Traduction du titre: 1er mars 1871 au 1er mars 1918. Dans l’Alsace libérée, des jeunes filles font volontiers des sacrifices pour hâter la libération de la partie de l’Alsace encore annexée à l’Allemagne. Suivez leur exemple. Date de création / publication: Paris: Comité National de Prévoyance et d’Économies, 1918. Affiche de recrutement de la Première Guerre mondiale fournie par le COL. Support d’origine: 1 tirage (poster): lithographie, couleur; 55 x 38 cm
La chirurgie réparatrice est née avec les «Gueules cassées»
On le considère comme un pionnier de la chirurgie maxillo-faciale esthétique et réparatrice. Voilà comment le décrivent, en 1995, Éric Brue et Éric Salf dans le tome XXIX de l’Histoire des sciences médicales : «Gustave Ginestet est un Occitan de taille modeste, le front haut, le visage ouvert, les traits fins et réguliers, des yeux clairs et malicieux, avec des colères de Méridional, brèves comme nos orages…» Le médecin général, natif de Valence d’Agen dans le Tarn-et-Garonne, continue d’occuper une large place dans les annales médicales. L’expérience de la guerre en fera le chef de file de prestigieuses écoles.
Gustave Ginestet offre en effet un parcours unique. Orphelin par sa mère, élevé chez les Jésuites de Montauban, il est incorporé en août 1916 à la 18e section d’infirmiers militaires. Là, il reçoit une formation pratique de médecin à l’hôpital complémentaire de Bordeaux, pour devenir par la suite médecin de poste de secours du 2e bataillon du 5e Régiment d’infanterie territoriale. Nous sommes en septembre 1917 : Gustave a seulement 20 ans. Sur le col de sa tenue bleu horizon, figure le caducée doré «sur velours amarante» qui accompagne le brassard de la Croix Rouge. Le 1er mars 1918, Gustave Ginestet fut lui-même blessé aux yeux par l’ypérite en soignant des Poilus gazés. Pendant la guerre, le jeune Gustave prouve déjà son efficacité médicale au feu. Il se spécialise peu à peu en stomatologie et prothèse dentaire. Il s’intéresse aussi au traitement des fractures mandibulaires, à la chirurgie de l’articulation temporo-mandibulaire et au prognathisme.
Plus tard, il participera activement au 2e conflit mondial en mettant au point des techniques considérées comme des jalons fondateurs de la chirurgie maxillo-faciale et reconstructrice. Il employa les techniques de réduction et d’autogreffes. C’est encore lui qui créa des instruments pour la chirurgie de la face : écarteurs pour extraction de dents de sagesse, appareil à torsader les fils électriques, casque pour appui crânien, aiguille à pédales…
Nos patrouilles, opérant dans la région de Beaumont et en Lorraine, ont ramené des prisonniers. Canonnade assez vive au nord de la cote 344 (rive droite de la Meuse). Nous avons jeté plus d’une demi-tonne d’explosifs sur les casemates et la gare de Trèves. Quatre éclatements ont été constatés sur les fourneaux de l’usine à gaz et huit à la gare.
Dans la même nuit, près d’une tonne et demie de projectiles a été jetée sur les champs d’aviation de la région de Metz et des éclatements ont été constatés dans les hangars et baraquements. Un aéroplane ennemi a été abattu à proximité de l’aérodrome. Tous nos appareils sont rentrés indemnes, en dépit de la violence du tir des canons spéciaux et des mitrailleuses ennemies. Les troupes anglaises ont exécuté avec succès un coup de main sur les tranchées ennemies du Greenland Hill (nord de la Scarpe). Un autre raid de troupes anglaises et écossaises sur les positions allemandes de la partie sud de la vallée d’Houthulst leur a valu douze prisonniers et trois mitrailleuses. Sur le front italien, actions d’artillerie intermittentes. Des patrouilles ennemies ont été repoussées à Rapo. Au nord du col del Rosso, une patrouille Italienne a pris deux bombardes de 280 et une vingtaine de mitrailleuses. Un ballon captif autrichien a été abattu.
A propos des blessures aux pieds dans les tranchées
Voivenel et Martin (3) estimèrent que le pied des tranchées affecta jusqu’à 1 % des combattants du
front, ce qui explique probablement le très grand nombre de publications concernant cette affection. L’Index Medicus américain des publications
médico-chirurgicales de guerre entre 1914 et 1917 recensait 202 textes traitant de cette question (4) (voir graphique). E n reprenant le pourcentage fourni par ces deux auteurs, le pied des tranchées aurait concerné près de 200.000 homme s sur le front occidental(chiffre certainement inférieur à la réalité).
« La moitié des poilus du peloton se trouvent gentiment remerciés par leur bonne amie ou fiancée. Sous prétexte qu’elles trouvent le temps long ou autre chose dans ce genre là. Heureusement qu’ils ne sont pas bileux et que veux tu, c’est la guerre. »
29 novembre 1917 : « Toutes les tranchées s’écroulent, on a à peine fini d’un bout qu’il faut recommencer de l’autre, et comme c’est un travail qu’on ne peut faire que la nuit, nous les passons presque toutes à la belle étoile. Je regarde si je vois la nôtre, mais comme à chaque instant le temps est maussade, il me la cache toujours. »
« Un gros bécot sur ta bouche, tu t’essuieras car je ne me suis pas lavé depuis mon départ aux tranchées. »
– Jeudi 29 novembre 1917.- Rien de spécial à noter. Plusieurs blessés au 1er bataillon et au village de Guewenheim. M. l’abbé Couderc m’envoie un mot de ce dernier village, il me dit notamment combien M. le curé est gentil, hospitalier, tout à ses prêtres soldats. De sa part, il m’invite à chanter la messe à Guewenheim dimanche prochain. M. le Curé tient les orgues quand il a un prêtre pour célébrer la grand-messe. – Vendredi 30 novembre 1917 –.-Le 1er bataillon a un homme tué par une grosse marmite. L’arrosage continue sur la rive gauche par des obus de gros calibre. C’est miracle qu’il n’y ait pas plus de victimes.29/11/1917 : En permission dans sa ville natale Quimperlé
– Samedi 1er décembre 1917 –Préparatifs de départ. Je dois pendant toute la journée promener des camarades du 3e bataillon venus reconnaître le secteur.
À Guewenheim.– Dimanche 2 décembre 1917 -.-Dès 4 h nous sommes sur pieds et peu à peu prêts à partir, mais la relève se fait attendre. Le poste de secours du 3 e bataillon n’arrive que vers 6 h. Nous avons à peine le temps de regagner avant le jour notre cantonnement de Guewenheim. Nous y sommes très bien logés.
A 7 h, je suis à l’église où je salue M. le Curé : il est en effet fort aimable. Il m’invite ainsi que M. l’abbé Ressiguier à dîner chez lui aujourd’hui. A 9 h, grand-messe civile et militaire : les soldats y sont nombreux, mais que de places vides cependant. M. le Curé parle à ses ouailles en alsacien, puis lit l’épître et l’évangile du jour en français ; cela fait grand plaisir à tout le monde. Je me proposais moi-même d’adresser un mot aux soldats, mais je ne le fais pas de crainte de prolonger trop cette messe qui a commencé tard. Les chants exécutés par les jeunes filles et quelques chantres sont très beaux ; notre médecin auxiliaire M. Leconte tient les orgues et de façon magistrale ! Elles sont très belles d’ailleurs, très puissantes. La messe est suivie du Saint-Sacrement. Il n’y a point, en effet d’autre office dans l’après-midi. Le soir, impossible de faire la prière et le salut à l’église qu’on ne peut pas éclairer à cause de la proximité des lignes ennemies.
M. le curé nous fait donc les honneurs de sa table avec quelle façon simple et aimable ! Décidément on est heureux d’avoir à faire à un tel confrère ! Il a un tel air de bonhomie avec sa forte stature, sa pipe à la bouche ! Il est grand fumeur. Il nous fait les éloges de l’esprit religieux de l’Allemand en général, de l’ordre et de l’organisation qui existaient partout avant la guerre : nous en sommes frappés à vrai dire depuis notre séjour en Alsace ! Il nous invite à aller passer la soirée avec lui. J’y vais en effet avec M. Ressiguier et un jeune confrère de Rodez, l’abbé Rouvier (2 e Armée), caporal au 2 e Génie. Ils sont cantonnés dans le même village. Je suis heureux de pouvoir vivre un peu avec ce cher ami qui est si abandonné dans un milieu des plus dévergondés. M. le Curé parle à nouveau de l’ordre et de la discipline allemande et admire surtout la façon dont les soldats en temps de paix étaient conduits, au point de vue religieux, conduits à la messe le dimanche, à confesse 2 fois par an. Il parait toutefois qu’ils n’étaient pas obligés de se confesser, mais ils devaient se rendre à l’église etc… Là-dessus, nous ne nous entendons pas trop, mais nous restons tout de même bons amis. D’ailleurs M. le curé me redit son profond amour pour la France, mais il déteste – à juste titre d’ailleurs – nos gouvernements impies et persécuteurs.
Sept ou 8 obus au moins sur le village pendant la soirée : un blessé grave aux mitrailleurs.
Journal du jeudi 29 novembre 1917 à travers Le Miroir
Dans la région de Saint-Quentin, nous avons aisément repoussé deux coups de main ennemi. Nos patrouilles opérant à l’ouest de Tahure et dans la région de Samogneux, ont ramené des prisonniers, dont un officier.
Une tentative de coup de main sur un de nos postes, à l’ouest du bois Le Chaume, a échoué.
Il se confirme que notre attaque sur les positions allemandes, au sud de Juvincourt, a coûté des pertes très sérieuses à l’ennemi. Le chiffre des prisonniers que nous avons faits, dans cette affaire atteint 476. Dans le matériel capturé, nous avons dénombré 13 mitrailleuses, 3 lance-grenades, 3 canons de tranchées et 400 fusils. Sur le front anglais, vifs combats. Les attaques locales de nos alliés dans la région de Fontaine-Notre-Dame et de Bourlon ont donné lieu à de violentes contre-attaques. L’ennemi ayant reçu des renforts, oppose une résistance obstinée. La journée a été marquée par des alternatives d’avance et de recul. Les troupes britanniques ont fait plus de 500 prisonniers et porté leurs lignes en avant. Ils ont repoussé une offensive allemande sur l’éperon à l’ouest de Moeuvres. Combats ordinaires sur le front italien. Quatre avions ennemis ont été abattus.
L’adjudant Krylenko, généralissime maximaliste a fait tenir au grand état-major allemand, par des parlementaires, sa proposition d’armistice. La conférence interalliée, où vingt et une nations sont représentées, s’est ouverte à Paris sous la présidence de M. Clemenceau.
Le film « Au revoir là haut » tiré du prix Goncourt de Pierre Lemaitre est sorti en salles ce mercredi. Pendant la guerre de 14/18, le héros a le visage arraché par un obus. Il devient une « gueule cassée ». Grâce à des hommes comme lui, la chirurgie maxillo-faciale est née.
oue, mâchoire, nez emportés par un obus : on peut voir ces « gueules cassées » dans une exposition dans le hall de l’hôpital St Joseph à Paris, à l’occasion de la sortie du film d’Albert Dupontel « Au revoir là-haut ». C’est une initiative du Docteur Ludovic Bénichou qui dirige le service de chirurgie maxillo-faciale de cet hôpital.
La chirurgie maxillo-faciale en tant que telle n’aurait jamais vu le jour sans la guerre de 14/18 même si la chirurgie reconstructrice existe depuis bien longtemps, on en a retrouvé des traces chez les Incas et les Indiens.
Durant la Première guerre mondiale, l’artillerie et les mitrailleuses ont causé les deux tiers des blessures.
Dans les tranchées, ils n’avaient que la tête qui dépassait. Et leurs têtes recevaient des éclats d’obus.